Abolir la peine de mort ? Que messieurs les assassins commencent !

Alphonse Karr auteur des Guêpes aurait dit selon M Roger Alexandre :
Il n’est que très peu de cas dans lesquels j’admette la dure nécessité de la peine de mort; mais il en est quelques-uns, un seul peut-être, c’est celui où le glaive de la justice doit répondre au poignard de l’assassin ; sous ce rapport, pour abolir la peine de mort, je dirai : Que messieurs les assassins commencent .

Abolir la peine de mort ?  Que messieurs les assassins commencent !

Si l’on veut abolir la peine de mort, en ce cas, que Messieurs les assassins commencent.
Les Guêpes
Citations d’Alphonse Karr
Alphonse Karr

Alphonse KARR / En fumant / M. Lévy frères 1862

« Il ne faut pas plaisanter avec la liberté.- Pour moi, je mets dans l’ordre des peines l’emprisonnement au-dessus de la mort ; mais c’est peut-être un sentiment ou une sensation individuelle : – presque seul et peut-être seul en France, j’ai voté pour le maintien de la peine de mort. – Je me rappelle que j’ai formulé ainsi mon opinion : « Effaçons la peine de mort, je le veux bien ; mais que Messieurs les assassins commencent ». »
<p.5>

Une réaction de Tristan Bernard

Tristan BERNARD / L’Esprit de Tristan Bernard / nrf Gallimard 1925

« La boutade bien connue : « Que messieurs les assassins commencent » est une des paroles les plus misérables qu’on ait pu prononcer. Le plus coupable n’est pas celui qui commence, mais celui qui continue, et la société est beaucoup plus coupable que l’assassin, parce qu’il est ignorant et corrompu, tandis qu’elle est savante et policée. En attendant qu’elle veuille bien commencer à être civilisée, la société se ravale au niveau de cet être barbare. Si la suppression de la peine de mort augmente dans quelques années le nombre des crimes, tant pis : tout vaut mieux que de propager pendant des temps infinis cette monstrueuse idée que la société intelligente a le droit de tuer. »
<Secrets d’État p.132>

Une réaction d’Alfred Jarry

Alfred JARRY / La chandelle verte / OEuvres / Bouquins, Robert Laffont 2004

« Le mot d’Alphonse Karr : « Que MM. les assassins commencent », a fait tous les frais de l’enquête sur l’abolition de la peine de mort. Tant il est naturel à l’homme de répéter avec satisfaction des choses imprimées, même quand il ne se rappelle plus bien où elles sont imprimées ni si elles ont un sens quelconque. C’est ainsi que M. Émile Ollivier, de l’Académie française, écrit « Je suis toujours resté insensible aux belles phrases… » Mais il ne tarde point à citer, lui aussi, la Phrase, en attestant : « Ce mot d’un homme d’esprit a clos la question. »
De même que maintes personnalités notables se sont efforcées à élaborer, au-dessous de la boutade de Karr, leurs signatures individuelles, il nous paraît d’une excellente division du travail de nous dévouer à notre tour à la tâche, oiseuse peut-être, d’explorer si cette boutade possède quelque signification.
« Que MM. les assassins commencent » équivaudrait à ceci, si nous examinons d’abord le sens le moins follement absurde : « Que MM. les assassins (assassin, celui qui a tué, disent les dictionnaires), ayant tué, ne récidivent pas. » Pour commencer à ne pas assassiner, il faut, logiquement avoir assassiné. Mais s’ils ont antérieurement assassiné, cela a suffi pour qu’ils aient déjà été mis à mort. »
<15 mars 1902, p.962>

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